Par Luc Maisoneuve - Juin 2015
Dr Ph. T. Des études très documentées montrent que l’activité physique régulière, des régimes alimentaires style méditerranéen, pauvre en graisses et riche en légumes, les acides gras oméga 3, le resvératrol ou l’astragale protègent réellement nos télomères. Une bonne hygiène de vie permet même de rallonger les télomères et ainsi de rajeunir les cellules. Jusqu’à présent, il y avait peu de stratégies pour contrer l’avancée en âge. La majorité des publications portait sur le bien vieillir et sur l’adaptation aux handicaps qui apparaissent avec l’âge. Bref, une vision fataliste. À l’inverse, le rajeunissement se comprend comme la récupération des capacités perdues. Le maintien des capacités de l’être tel qu’il était ouvre la porte à une nouvelle stratégie diamétralement opposée à celle qui préexistait auparavant. Il n’est plus seulement question de s’adapter, on peut agir pour remonter la flèche du temps.
A. S. Quand on parle de rajeunissement, quels bénéfices concrets peut-on attendre ?
Dr Ph. T. On parle d’agir sur son horloge biologique. Grâce à un modèle de vie sain, cela permet, à partir de 40 ans, de maintenir et plus tard de récupérer des capacités physiques et psychiques qui s’amenuisent. On peut les mesurer sur l’aptitude à l’effort physique, une moindre fatigabilité physique et psychique, une peau de meilleure- qualité, des amplitudes articulaires qui augmentent, un rallongement des télomères et donc un rajeunissement physiologique, cellulaire et tissulaire.
A. S. « La vieillesse, c’est dans la tête » dit-on.
Dr Ph. T. Il y a un sentiment fort qui nous anime dans notre vie. Le sentiment d’être jeune, de ne pas ressentir les atteintes de l’âge … Entre 40 et 60 ans, des rappels de notre âge et de notre mortalité commencent à se manifester. Au-delà, le vieillissement va s’installer plus ou moins lentement, à notre insu. Le début du vieillissement psychologique commence à se manifester par l’impression d’avoir des difficultés à se déplacer, d’être instable, ce qui va créer des replis, de l’enfermement et des cercles vicieux qui poussent à l’effondrement progressif. On va être amené par exemple à renoncer petit à petit à un certain nombre d’activités, de centres d’intérêt qui nous maintenaient en bonne santé, car notre corps et notre cerveau ont besoin d’être sollicités de façon régulière pour bien fonctionner. Le renoncement est une forme psychique du vieillissement. Il induit des décisions de changement de mode vie qui vont favoriser l’installation du vieillissement et va nous faire passer d’un vieillissement normal, banal, avec des sorties, des loisirs, des contacts, à un vieillissement plus difficile, qui va alors s’accompagner de handicaps. À partir de là, tout devient beaucoup plus compliqué. Vieillir psychologiquement est véritablement un facteur aggravant. Si l’on n’y prend pas garde, on finit par banaliser les refus de sollicitations, d’activité sociale, jusqu’à refuser de s’occuper de soi, de son hygiène ou de suivre son traitement médical. Mais rien n’est irrémédiable. Dans le cas du rajeunissement psychologique, il faut privilégier les activités, démarches et sollicitations qui apportent des émotions positives, de la joie, de l’échange, du plaisir, car alors, on va renouer avec le désir de vivre et restimuler ainsi nos fonctions en passe de s’éteindre, ou éteintes
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